Robins Tchale Watchou est le DG de Vivendi Sports (filiale du Groupe Vivendi), une entreprise spécialisée dans l’organisation d’événements sportifs pour des ayants droits et des fédérations. À travers son entreprise, Robins accompagne également les pays ainsi que les territoires dans la conception et l’implémentation des « Mass Events ».

Avec Robins, nous avons pris un café express à Paris, pour parler de l’implication stratégique de Vivendi sport, dans l’organisation de la compétition qu’accueillera la Côte d’Ivoire en 2023.

Aujourd’hui, vous accompagnez le COCAN 2023 sur un plan global et particulièrement, en ce qui concerne la communication et les médias. Comment cela se passe-t-il concrètement ?

De façon spécifique, nous avons une approche en termes d’héritage et de tutorat, qui est un parti pris qui a été de dire qu’il faut que ce soit des locaux, des jeunes ivoiriens qui, pour la première fois, organisent une compétition d’une telle ampleur dans leur pays. Nous déclinons cela de manière précise en termes de sélection, de définition de périmètre de poste, de construction de parcours et de formation, de tutorat des jeunes sélectionnés pour qu’ils montent en compétences et qu’ils délivrent la compétition.

Sur un plan purement communication, il faut que cette CAN (qui s’inscrit sous le signe de l’hospitalité et de l’héritage, NDLR) mobilise et fédère l’ensemble des Ivoiriens, des voisins de la sous-région et du continent, afin que cela soit un grand moment de partage et d’échange. Surtout, nous attirons l’attention du COCAN (Comité d’organisation de la CAN TotalEnergies 2023) sur le fait qu’il faille utiliser les outils d’aujourd’hui et ceux de demain, pour parler à cette jeunesse qui est au cœur de tous les chantiers qu’ils sont en train de mettre en place. Si vous avez pour ambition de mobiliser la jeunesse et que vous n’utilisez pas les bons canaux pour pouvoir vous adresser à eux, l’objectif escompté ne sera pas obtenu. Donc notre expertise en termes de médias sert à apporter cette finesse, ce détail, cette recherche pour dire que l’idée est bonne, mais il faudrait que sa mise en œuvre soit à la hauteur, à la mesure de vos ambitions.

Que ce soit sur une approche de mobilisation par rapport à une mascotte ou tout autre projet, chaque fois nous essayons d’aller plus loin, en leur expliquant qu’il s’agit d’un élément qui peut contribuer déjà à mobiliser cette jeunesse, permettre de déceler des talents, de rappeler à chaque Ivoirien que la CAN est organisée dans son pays ; et en conséquence, lui aussi il peut faire partie de cette aventure, sous ce volet comme sous un autre.
Nous allons créer pour la première fois en CIV, une association de « Volonteers For Sports » avec une base data. Cette association vivra après la CAN 2023, pour que les fédérations puissent venir y sourcer des volontaires, dans toutes les fonctions supports des métiers en lien avec leurs événements. Ainsi demain, quel que soit l’événement (basket, football, handball, etc.) les fédérations pourront venir chercher les compétences dont elles auront besoin.

Autant d’approches structurantes que nous mettons sur pied. Nous considérons également que le volontariat est un moyen de communication, parce que c’est aussi le moyen d’utiliser des gens qui seront des ambassadeurs de cette CAN. De Korhogo à Yamoussoukro, tous doivent se sentir impliqués ; ils doivent comprendre la mesure de l’enjeu. Ils sont aussi importants que ceux qui vont jouer, car ce sont eux qui permettront à tous ces gens qui vont arriver de vivre cette compétition autrement que sportivement.

Sur un plan purement communication, il faut que cette CAN (qui s’inscrit sous le signe de l’hospitalité et de l’héritage, NDLR) mobilise et fédère l’ensemble des Ivoiriens, des voisins de la sous-région et du continent, afin que cela soit un grand moment de partage et d’échange.

Qu’est-ce qui explique la récente participation du COCAN 2023 au Global Sports Week Paris (GSW Paris) et comment l’avez-vous préparée ?

La GSW Paris, c’est l’événement mondial qui rassemble les acteurs du sport avec un impact et un rayonnement planétaire. La thématique abordée « Est-ce que les grands événements sportifs aujourd’hui peuvent être durables et peuvent créer un héritage avec un impact positif ? » est importante et surtout d’actualité ; car si cette question se pose en Europe, elle se pose également en Afrique. Dans un pays comme la Côte d’Ivoire, organiser une Coupe d’Afrique des Nations est une vision d’un Chef d’Etat, une vision politique. Cela engage aussi un de gros investissements lorsque l’on pense aux attentes en matière de santé, d’éducation, etc. L’on se sent investi d’une mission régalienne, celle de contribuer à la matérialisation de la vision du Chef de l’État ; d’apporter un impact qui soit durable, qui permette de se dire, ce n’est pas une dépense de prestige.

C’est la raison pour laquelle, nous avons pensé qu’il était intéressant pour le COCAN 2023 de participer à ce type d’événements, afin d’observer et d’en apprendre sur le calibrage d’un événement comme celui-ci. Mais aussi, de rencontrer leurs pairs qui ont organisé des événements similaires. C’est l’exemple des rencontres entre le président du COCAN Monsieur François Albert Amichia, Madame Fatma Al Nuaimi (Directrice de la Communication et de l’héritage de la Coupe du Monde Qatar 2022) et Monsieur Ibrahima Wade (Coordonnateur du Comité d’organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse, Dakar 2022).

Il est important de marquer un point sur le fait que pour la première fois, un comité d’organisation de la CAN fait partie du tour de table de ce type d’événements, en compagnie d’acteurs majeurs. Ce qui n’est pas négligeable. Surtout, ce n’est pas d’autres qui le racontent, mais le Président du Comité d’Organisation qui vient raconter la mission qui est la sienne, la vision qu’il souhaite partager : vendre son pays, promouvoir son peuple et surtout, lancer une invitation solennelle au monde en disant « Voici ce que nous allons réaliser et vous êtes les bienvenus chez nous pour partager ce moment avec nous ». C’est aussi le moment de rencontrer des acteurs qu’on ne rencontre pas ailleurs. Il y a moins de protocole, car ici, il y’a une certaine facilité à discuter, potentiellement à poser certains jalons pour construire à la fois, soit un partage d’expérience ou un retour d’expérience, avec d’autres personnes qui ont peut-être le même challenge que vous.

Aujourd’hui, l’opinion a compris que la Côte d’Ivoire est au cœur d’un événement, du sport business et que cet enjeu peut dépasser les Ivoiriens. Tout ceci contribue au nation branding, au marketing territorial du pays. Nous travaillons de façon prospective et avec engagement.

La rédaction.