Israel Guébo - Directeur de IAM
Israël Guébo est le Directeur de l’Institut Africain des Médias (IAM), une école de journalisme et de perfectionnement aux métiers des nouveaux médias, basée à Abidjan.
Considéré comme l’une des figures de proue de la promotion de la communication numérique en Côte d’Ivoire et en Afrique subsaharienne francophone, cet entrepreneur dans l’âme a récemment annoncé la signature d’un partenariat avec l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille (ESJ Lille). Lequel partenariat a débouché sur le lancement d’un Bachelor en Communication numérique, dans son pays.
Nous avons pris un café express avec Israel, pour parler de ce nouveau chapitre qui s’ouvre aujourd’hui pour l’école qu’il dirige.

L’ESJ Lille en collaboration avec l’Institut Africain des Médias (IAM) vient de lancer le premier « Bachelor en communication numérique » en Côte d’Ivoire. Comment cette initiative s’est-elle mise en place et quels en sont les objectifs, ainsi que la durée de ce partenariat ?

Si on prend la durée de la formation de la première promotion de cursus, on pourrait dire que ce partenariat durera au moins trois ans à partir de 2023. Mais je peux vous assurer que dans les projections que nous avons faites, l’ESJ Lille et nous IAM Abidjan, espérons tenir le plus longtemps possible ensemble.
Plus fondamentalement l’initiative de ce diplôme vient de l’École supérieure de journalisme de Lille. Il y a quelques années en arrière, nous en avons discuté, nous avons tenté plusieurs approches et finalement celle que nous avons retenue est contenue dans ce Bachelor en Communication numérique. Nous avons tenu de nombreuses réunions et avons décidé de l’ouverture des inscriptions en mars 2022 pour une rentrée en janvier 2023. L’un des objectifs principaux est de permettre aux parents des nouveaux bacheliers d’inscrire leurs enfants dans une formation de standard mondial sanctionnée par un diplôme français, donc international, qui lui-même est délivré par une école de renom. Tout ceci, sans que l’enfant ait à quitter la Côte d’Ivoire.

L’un des objectifs principaux est de permettre aux parents des nouveaux bacheliers d’inscrire leurs enfants dans une formation de standard mondial sanctionnée par un diplôme français, donc international, qui lui-même est délivré par une école de renom. Tout ceci, sans que l’enfant n’ait à quitter la Côte d’Ivoire.

Comment seront organisés les cours et les examens dans le cadre de ce « Bachelor en Communication numérique » ?

Pour les cours, nous utilisons le blended learning. En français, formation mixte. Nous combinons à la fois l’e-learning (apprentissage en ligne via une plateforme développée par l’ESJ Lille) et le présentiel (formation classique) qui se tiendra sur le Campus de l’Institut Africain des Médias ici à Abidjan.
Les cours et les évaluations sont les mêmes que ceux qui seront dispensés pour le même Bachelor en France. Les évaluations seront continuelles.
Petite précision, nos étudiants sont recrutés sur dossier. Ils doivent postuler avec le BAC (pour ceux qui l’ont déjà, ceux qui ne l’ont pas encore le feront sous réserve de l’obtenir.), les relevés de notes de la classe de terminale (quelles que soient les filières), une lettre de motivation et une petite vidéo pour indiquer ce qui les motive.

Quelle est la plus-value à la fois pour les deux partenaires (l’ESJ Lille et l’Institut Africain des Médias), et pour les élèves/parents à qui s’adresse cette formation délocalisée que vous offrez aujourd’hui ?

Pour l’ESJ Lille, c’est la première fois qu’une formation est organisée in situ en Afrique. Et je trouve qu’Abidjan est un bon choix. C’est un Hub même au niveau de l’éducation. Il ne faut pas oublier que l’ESJ Lille a un lien particulier avec l’Afrique pour avoir formé de nombreux journalistes. En Côte d’Ivoire, une bonne vingtaine en est sortie. Le premier a été feu Laurent Dona Fologo.
Pour l’Institut Africain des Médias, c’est un partenariat qui vient renforcer notre positionnement à l’international et qui démontre que l’école a une bonne notoriété.
Nous le savions déjà, vu les partenariats tissés ces dernières années à Abidjan, mais aussi à Yaoundé. Vu aussi les étudiants étrangers qui rejoignent nos programmes… Ce partenariat avec l’école lilloise nous positionne plus fortement et plus durablement à l’international.
Pour les parents, c’est la résolution d’une équation en ces périodes où faire voyager son enfant en Occident est un casse-tête et un parcours du combattant. Finies les tracasseries et le stress liés aux visas, à la logistique sur place en France, aux inquiétudes sur la vie de son enfant. Il est possible d’envoyer son enfant dans une école française, pour obtenir un diplôme français avec une garantie d’insertion.
D’ailleurs, ce dernier aspect est un avantage aussi pour les étudiants. Dès la première année, ils sont en contact avec le monde de l’entreprise et de l’entrepreneuriat. En deuxième et troisième années, ils sont soit sur des stages ou de l’alternance.

Pour l’Institut Africain des Médias, c’est un partenariat qui vient renforcer notre positionnement à l’international et qui démontre que l’école a une bonne notoriété.

Quel regard portez-vous sur l’enseignement des métiers du journalisme et de l’information en Côte d’Ivoire, ensuite en Afrique francophone ?

Les écoles de journalisme (il y en n’a pas beaucoup en Côte d’Ivoire) n’ont pas toujours intégré qu’en fait, le  numérique a chamboulé la démarche pédagogique. Il faut l’intégrer en haut de la liste. Ça fait partie du « Game ».

Les écoles de journalisme ne doivent plus avoir peur de la communication. Parce que même s’il faut bien souligner que ce sont deux genres, deux mondes, deux hémisphères distincts, voire différents, le numérique créé le pont entre les deux.

Le journalisme utilisera les méthodes de communication pour rendre visibles les productions et les « vendre », la communication va aller puiser sur les techniques de médias pour rendre lisibles et accessibles ses messages.

À l’Institut Africain des médias, nous l’avons compris. C’est d’ailleurs pour cela que dans le cursus du Diplôme d’Études Professionnelles en Journalisme (DEPJ) les étudiants parcourent en 12 mois, à la fois les pratiques journalistiques et touchent aux outils (du) numériques, histoire d’être prêts à affronter le monde d’aujourd’hui et de demain. Et ça fonctionne. Chaque année, nous sommes à un taux d’insertion de plus de 100 %. Il y a plus de demandes que d’étudiants disponibles. Et cela nous différencie et nous positionne qualitativement par rapport aux autres écoles.

Parlez-nous des perspectives de développement de l’Institut Africain des médias pour les deux années à venir ?

Pour les deux années à venir, nous allons continuer à renforcer notre positionnement en Côte d’Ivoire et en Afrique. Être une école de référence, un institut dont le but n’est pas uniquement de former les meilleur.es en journalisme et ou en médias, mais surtout de contribuer à notre échelle à faire du secteur de la communication et du numérique en général, un pourvoyeur d’emploi.

Propos recueillis par la rédaction.