Les couvertures secondaires, un phénomène qui soulève des questions

En été 2021, le célèbre magazine Forbes France a consacré un numéro spécial aux 40 femmes françaises les plus influentes de l’année. Parmi elles, la chanteuse Aya Nakamura a été choisie pour figurer en couverture. Cependant, une autre personnalité, Magali Berdah, fondatrice de l’agence de communication et marketing d’influence Shauna Events, a également affiché la couverture du magazine sur son profil Instagram, mais avec elle-même en vedette. L’article du Parisien d’octobre 2022 révèle que cette couverture était en réalité une création non officielle obtenue moyennant paiement. Cette pratique soulève des questions sur l’intérêt des grands magazines à créer et commercialiser des couvertures secondaires, ainsi que sur les limites et les dérives qu’elle peut entraîner.

L’intérêt pour les grands magazines : le profit financier et les placements publicitaires

L’intérêt principal des grands magazines dans la création de couvertures secondaires réside avant tout dans des considérations financières. Dans le cas de Magali Berdah et Forbes, il est rapporté qu’elle aurait déboursé 20 000 euros pour obtenir des exemplaires non officiels du magazine. Si elle n’est pas la seule à s’engager dans cette pratique, cela représente une opportunité lucrative pour Forbes.

De plus, les placements publicitaires constituent une source de revenus pour les magazines. Ils peuvent prendre la forme d’interviews, de vidéos d’entrepreneurs ou d’articles promotionnels sur des entreprises. Par exemple, BFM Business, une chaîne de télévision économique française, facture environ 8 500 euros pour la publicité ou la promotion d’entreprises dans ses émissions. Forbes France met également en avant des entrepreneurs et des entreprises moyennant une rémunération dans sa rubrique « les adresses incontournables ».

Avantages pour les professionnels des relations publics

Cette pratique offre aux professionnels des relations publics une occasion de promouvoir les marques pour lesquelles ils travaillent. En plaçant leurs marques ou leurs produits sur des couvertures de magazines ciblés, ils peuvent accroître leur visibilité et leur crédibilité. Les campagnes de relations presse peuvent ainsi être intégrées à une stratégie de relations publics visant à obtenir une couverture médiatique plus large. Cependant, des limites et des dérives peuvent découler de cette pratique.

Confusion et atteinte à la crédibilité

La création de couvertures non officielles peut semer la confusion parmi le grand public. L’exemple de Drake et 21 Savage utilisant de fausses couvertures de Vogue sans autorisation illustre ce problème. Cette confusion peut nuire à l’image, à la réputation et à la crédibilité des artistes et des magazines concernés. Il devient difficile pour le public de distinguer le vrai du faux, surtout lorsque les fausses couvertures sont bien réalisées.

La crédibilité en jeu

La crédibilité est un élément crucial pour une entreprise, lui permettant de gagner la confiance de ses clients, de ses partenaires et de ses fournisseurs. La question se pose donc de savoir si le public aurait été informé de l’existence des couvertures remaniées de Forbes si l’article du Parisien n’avait pas été rédigé. Cette pratique peut donc mettre en péril la crédibilité des magazines et des personnalités impliquées.

Mettre fin aux couvertures secondaires pour préserver la crédibilité

Il serait avisé pour les magazines de mettre un terme à la vente de couvertures secondaires. Forbes, par exemple, devrait cesser de proposer des couvertures remaniées à des tiers. En effet, cela pourrait diminuer la valeur accordée aux personnes figurant dans le magazine et semer le doute quant à la qualité et à la véracité des informations. Une telle remise en question risquerait de porter atteinte à l’image de marque et à la crédibilité du magazine.

Carl Fossi est un analyste en relations publics, basé à Québec, au Canada. Passionné par le métier et le souci d’éduquer sa communauté sur le réseau social Instagram, car décrypte régulièrement l’actualité, sous le prisme des RP.