Lamine Guirassy, PDG de HADAFO MEDIA

Lamine GUIRASSY est un journaliste et Fondateur du Groupe Hadafo Medias (Radio Espace, Espace TV, Sweet FM, Kalac Radio, Kalac TV et Hadafo Régie), basé en Guinée Conakry. Homme de médias expérimenté, il est très engagé dans la valorisation de son corps de métier, à la fois dans son pays et à l’international. Nous l’avons rencontré le temps d’un café express dans son QG de Conakry, pour évoquer avec lui, la reprise des activités du Groupe de médias qu’il dirige. Entretien.

Naole Média : Bon nombre de médias ont récemment effectué leurs rentrées des programmes. Hadafo Média a débuté de façon tonitruante, avec plusieurs innovations. Que nous réservez-vous pour les prochains mois ?

Lamine Guirassy : Beaucoup de nouveautés évidemment, comme à l’accoutumée. Parce que pour nous, il est important de continuer sur le modèle que nous avons initié depuis 14 ans. C’est-à-dire la liberté de ton. Il s’agit de donner la parole à ceux que l’on n’entend pas toujours et je pense que ça, on le constate tous les jours sur nos antennes à travers Radio Espace. Le Groupe Hadafo Média c’est aujourd’hui 2 télévisions, 8 stations de radios indépendantes, et assurément le poumon de tout cela, c’est Radio Espace qui a vu naitre toutes ces autres radios (Sweet FM, Kalak radio et les radios régionales NDLR).

Comme nouveauté, nous misons sur plus d’interactivité. Cela se traduira par exemple dans la Matinale que j’anime depuis 14 Ans maintenant. Depuis trois ans, nous essayons de relayer un petit peu les contenus de la radio sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter) parce que pour nous, ça se passe également de ce côté-là aujourd’hui.

Cette saison, nous ne ménagerons pas nos efforts pour lutter contre les Fake news. D’où cette rubrique que nous avons démarrée avec Ahmed Kourouma, politique reconverti, animateur/chroniqueur dans les « GG » (Grandes gueules, NDLR). Il intervient tous les matins dans le « Morning », au sein de la rubrique « Expliquez-nous » ; il y apporte des réponses à certaines questions que les auditeurs peuvent se poser. Quand je prends un exemple de l’actualité récente en Afghanistan avec le retrait des Américains, l’on n’a pas forcément la même lecture ou la même compréhension de l’actualité. Une personne avec une ouverture d’esprit comme Mohamed pourra apporter des analyses pertinentes aux auditeurs.

D’autre part, nous avons voulu ouvrir une petite fenêtre, pour répondre directement aux questions des auditeurs. Toute la semaine, ils nous écoutent et le vendredi l’émission devient interactive. Cependant, c’est plus virtuel dans le sens où, nous privilégions les abonnés sur Twitter et ceux qui nous envoient des SMS. En somme, ceux qui écoutent peuvent adresser directement leurs questions aux chroniqueurs qui y apportent des réponses.

L’autre nouveauté, c’est que pour la première fois, je vais prendre un peu de recul à travers l’émission les « Grandes Gueules ». Du lundi au mercredi, je serai sur le pont et du jeudi au vendredi Tamba Zacharie Millimouno me suppléera pour continuer l’émission. Au niveau de la télévision, nous avons aussi un changement concernant le 20H d’Espace TV. Voilà, à peu près, les nouveautés que nous offrons à nos téléspectateurs et nos auditeurs pour cette saison 14.

Depuis quelque temps déjà, votre média se déploie à la fois à l’intérieur de la Guinée et dans les diasporas africaines en occident pour de grands reportages (France et Canada). Pourquoi une telle mobilisation ?

Parce que je pense que la Guinée, ce n’est pas seulement ceux qui vivent ici. C’est aussi l’extérieur, surtout qu’Hadafo Média est vraiment sollicité hors de nos frontières.  Il y a de cela deux ans, j’ai fait un numéro spécial à Londres, pour le magazine qu’on appelle « ici ce n’est pas le bonheur ». J’ai vu dans le regard d’une compatriote cette envie de se rapprocher de ceux qui sont en Guinée. Et je me suis dit qu’on pourrait donner la parole à ces personnes, leur tendre le micro et les filmer dans leur quotidien. C’est ce que nous avons commencé depuis ce numéro-là. Cette année, nous sommes allées au Canada et à Paris. Pour nous, il est important que tout le monde se sente concerné, parce que quand on dit Guinée, l’on parle à la fois des Guinéens de l’étranger et de ceux qui vivent au pays.

Comment se porte le monde de la presse et des médias en Guinée aujourd’hui ?

Très mal parce que la crise est passée par là, les politiques se sont infiltrés dans le monde des médias. J’ai l’impression qu’aujourd’hui en Guinée, les médias aussi ont des camps et c’est dommage pour leur survie. Quand on voit des radios qui se ferment et que l’on constate aujourd’hui que les politiques s’emparent des médias pour contrôler les lignes éditoriales, c’est désolant.

Malgré tout, il y a de l’espoir. Mais pour l’heure, je pense que l’assainissement dont on parle concerne tout aussi l’indépendance des médias. Malheureusement ça ne se voit pas encore aujourd’hui. Parce qu’avec tout le développement ces derniers temps dans notre pays, il faut être de tel groupe, être milliardaire pour obtenir un média. Tout ceci dans le but de contrôler un peu la ligne éditoriale. Cependant, je pense que le public n’est pas dupe et quiconque s’adonnera à ce jeu-là creusera pratiquement sa propre tombe.

Quel rôle joue Hadafo Média dans la valorisation de la Guinée ?

Je suis issu de la diaspora et à travers cette expérience vécue à l’extérieur, je sais un peu ce que veut dire l’honneur. L’exemple frappant qu’on peut donner, c’est ce qui se passe au niveau de notre équipe nationale de Basket-ball, car 90% des joueurs sont issus de la diaspora. De ce fait, il s’agit d’abord de donner de la voix ainsi que la parole aux guinéens. Ce que nous faisons depuis 14 ans. Je pense que ce travail de valorisation de notre pays fonctionne tout simplement parce que, si en 14 ans, nous sommes toujours numéro 1, c’est parce que les gens se retrouvent dans nos programmes.

Un Scoop pour vous : un Gabonais qui a travaillé pour moi ici en Guinée m’a écrit sur WhatsApp en me disant qu’au Gabon, ils sont très en retard en ce qui concerne l’industrie des médias. Et de rajouter que son repère à lui, c’est le Groupe Hadafo Média. J’étais tellement bien dans ma peau parce que je me suis dit : « voici un grand professionnel qui a travaillé au haut niveau au Sénégal, au Mali et en Côte d’Ivoire. Un grand journaliste doublé d’un animateur émérite, qui s’inspire d’Hadafo Média ». En fin de compte, je me dis toujours que c’est la Guinée qui gagne. Cette valorisation de mon pays se traduit également à travers la distinction que j’ai reçue il y a deux ans de cela, à Abidjan. Si vous me demandez quel rôle nous jouons aujourd’hui ici en Guinée, je vous dirai que nous mettons notre pays en valeur. Ceci à travers la liberté de ton et la démocratie, même si évidemment ça se discute.

La rédaction.