Tribune par KONE Erine – KOUMAN Art Oratoire

Les entrepreneurs africains s’expriment mal ! Je vous choque ? Et pourtant … 

Dans une société où l’école a mis l’accent sur nos compétences rédactionnelles, elle semble avoir oublié que nous parlions plus que nous n’écrivions. Le système éducatif a créé des individus glossophobes. Lorsque l’entrepreneur n’est pas habitué à prendre la parole, il en est souvent effrayé. Entre ceux qui parlent pour ne rien dire et ceux qui en ont à dire mais qui se briment, la question de la prise de parole chez l’entrepreneur devient centrale.

Combien de fois m’est-il arrivé de me retrouver face à des chefs d’entreprises persuadés de n’avoir aucun problème en matière de prise de parole ? Nombre d’entre eux font l’amalgame entre oser prendre la parole et correctement s’exprimer. N’est pas nécessairement éloquente la personne qui ose.

Je n’ai jamais eu peur de prendre la parole, dès l’enfance, j’ai été habituée à faire entendre ma voix mais ce n’est qu’après avoir assisté à mon premier atelier d’éloquence que j’ai réellement connu le sens du mot « éloquent » – et que mon ego a par ailleurs été frappé, car j’ai su que je n’étais pas si douée que je ne le pensais -.

Vous pouvez avoir participé à une vingtaine de conférences, donné des trentaines d’interviews ou encore publié des centaines de vidéos sur le net, cela ne fera pas obligatoirement de vous une personne éloquente pour autant.

L’art oratoire se place sous un prisme artistique. L’éloquence en elle-même a pour vocation de créer chez celui ou celle qui la maîtrise ce que j’appelle au sein de mon entreprise, « l’effet WAW ».

Il ne s’agit pas de parler pour parler mais de prendre la parole pour captiver, éblouir, susciter des émotions, convaincre et persuader à la fois mais surtout laisser sa trace dans l’esprit des gens en devenant mémorable à leurs yeux.

Maintenant, dites-moi. Au-delà des performances liées à l’exercice de leurs activités, combien d’entrepreneurs vous ont déjà réellement marqués ? Devant combien de personnes êtes-vous réellement restés scotchés ? Pour ma part, chaque personne qui m’a un jour éblouie par son parlé appartenait aux belles-lettres, était conférencière de profession ou avait suivi des formations dans le domaine. On ne naît pas éloquent, on apprend à le devenir.

Amoureuse du monde de l’entrepreneuriat, je suis fatiguée d’être face à des pitch d’entrepreneurs ennuyeux qu’on me présente en quinze minutes, en rentrant dans de nombreux détails techniques que je ne comprends pas. J’aimerais tellement que davantage de personnes puissent me présenter leurs activités de manière claire et concise.

Entrepreneurs, inutile de passer des heures et des heures à rentrer dans les moindres rouages de votre activité lorsque vous la présentez. Les détails n’intéressent pas lors d’une première prise de contact. Mettez-vous à l’esprit que votre présentation doit tenir entre trente secondes et une minute maximum ; alors allez à l’essentiel. Faites au plus simple et assurez-vous que votre activité puisse être compréhensible d’un enfant de cinq ans. N’oubliez pas les aspects oratoires qui rentrent ensuite en jeu. Vous êtes vu avant d’être entendu, par conséquent, soignez votre posture et votre langage non verbal qui compte pour 60% de votre force de conviction et assurez-vous de varier les tonalités de votre voix afin d’éviter de tomber dans la monotonie et donc l’ennui. Vous écouter ne doit pas être un supplice, votre audience doit être saisie par la passion et l’assurance que vous allez transmettre dans la présentation de votre activité.

De par l’impact de la mondialisation, nous ne sommes pas sans savoir l’importance que la communication a dans nos sociétés aujourd’hui ; on ne peut faire sans, alors autant être le plus percutant possible.

Le continent africain ne représente que 11% du marché mondial de la prise de parole, ce qui est très peu lorsqu’on sait que l’Europe et l’Amérique se partagent à elles seules 66% des parts de marché. L’investissement en soi et en ses compétences personnelles et professionnelles ne sont pas encore suffisamment ancrés dans les habitudes africaines et encore moins lorsqu’il s’agit de coaching en prise de parole. 

Les entrepreneurs doivent réellement mesurer l’impact qu’une prise de parole peut avoir sur leur entreprise, et par ricochet sur leurs chiffres d’affaires. Combien de fois des prises de paroles ne se sont pas bien passées, à cause de quelques détails qui auraient pu être corrigés ? Combien d’interventions médiatiques sont restées impertinentes ? Combien de fois, avons-nous été déçus après avoir entendu s’exprimer d’excellents chefs d’entreprises du continent ? L’entrepreneur africain doit comprendre que son avantage concurrentiel réside dans le détail, maîtriser l’art oratoire ne pourra être qu’un avantage vis-à-vis des personnes du même secteur d’activité que lui, qui ne bénéficient pas de cette compétence.

J’invite chacun à repenser la notion d’investissement personnel et à mesurer l’impact que ses prises de paroles ont sur leurs interlocuteurs. Se former en prise de parole publique n’est pas inutile, au contraire, vous vous ouvrez les portes de la visibilité, pour un impact plus puissant.

À propos d’ Erine KONE

Erine KONE est la fondatrice de l’entreprise KOUMAN Art Oratoire qui accompagne entrepreneurs et les chefs d’entreprises dans leurs prises de parole. Sa mission est de créer « L’effet WAW » chez ses clients afin qu’ils impactent leurs publics et s’expriment avec charisme et assurance.