(Naole Média) Depuis les élections municipales de 2019, le Togo compte 117 communes réparties dans les cinq régions du pays, notamment : Maritime, Plateaux, Centrale, Kara et Savanes. Ces collectivités territoriales sont administrées par des mairies qui ont entre autres pour mission la gestion administrative, les services aux citoyens, la culture et les loisirs, etc. Dans un souci de redevabilité et pour une meilleure appréhension concernant du suivi de ces prérogatives, la collectivité se doit d’informer, de fédérer et de rendre compte à la population des actions menées en son nom. Et cela passe par la « communication publique ».

La communication publique est un service public, donc une obligation pour les institutions étatiques. Certaines collectivités territoriales remplissent cette mission pendant que d’autres ont du mal à le faire. L’absence d’une communication bien élaborée des mairies n’est pas sans conséquences. La preuve, voici en quelques retombées : 

  • L’ignorance des citoyens : N’étant pas informés, les citoyens restent dans l’ignorance par rapport à ce qui se passe dans leur commune et se demandent ce que font leurs élus
  • L’absence du sentiment d’appartenance à la commune : les citoyens n’éprouvent aucun sentiment d’appartenance vis-à-vis de la commune et ils ont raison, car rien n’est fait pour qu’ils s’intéressent à leur municipalité
  • L’abstention des citoyens à la vie communale : les citoyens restent inactifs vis-à-vis des actions municipales et ne participent pas à la vie de la commune.

Au contraire, une communication réfléchie et orientée vers le citoyen reste un moyen efficace pour impliquer ce dernier dans l’action publique. En communiquant, les mairies se rapprochent des citoyens et sont plus à même de mieux les servir. En se sentant valorisés et voyant leurs besoins et avis pris en compte, les citoyens n’auront aucun mal à s’intéresser et à participer à la vie communale. Oui, le défi est de taille et c’est pour cela que les autorités municipales doivent mettre les moyens qu’il faut. Et cela commence avec le recrutement des professionnels « compétents » de la communication et le choix de stratégies de communication orientées vers le citoyen. Comment les mairies devraient-elles communiquer ? J’y réponds dans les lignes qui suivent :

  • Communiquer de façon stratégique

Malgré qu’elles n’aient pas de concurrents, les mairies doivent communiquer comme des entreprises. Elles doivent aller au-delà des objectifs cognitifs ou informatifs. Fédérer des communautés, s’assurer que la population est informée et pousser à l’action.

  • Organiser des activités et des évènements

Quelles relations les collectivités locales entretiennent avec les riverains si ce n’est celles basées sur les services rendus par l’institution ?

Les évènements sont et restent un moyen efficace pour toucher sa cible. Les mairies ont les moyens d’organiser, seules ou en collaboration avec des entreprises, des actions de proximité pour rassembler les riverains et se rapprocher d’eux. La mairie de Bè-Apédomé peut organiser un concert avec les artistes de la Commune du golfe 1 qui sont talentueux et aimés de la population. La mairie d’Amoutivé peut collaborer avec l’ex-capitaine de l’équipe nationale, Emmanuel Adébayor qui vient de Kodjoviakopé, l’un des quartiers de la Commune du golfe 4 pour l’organisation d’un tournoi de football. Une collaboration avec cette légende du football contribuerait au positionnement de cette commune à l’international. Les jeunes de la commune, passionnés du football et admirateurs de la star se verront offrir l’opportunité de rencontrer et d’échanger avec leur idole.

Je me rappelle cette personne qui m’a dit, je cite « Je ne connais pas le maire, j’aimerais bien le rencontrer ». Il en est de même pour les adjoints au maire et les conseillers municipaux. Les citoyens ont le droit de connaître les personnes qui ont le monopole de décision. Pour ce faire, la mairie peut organiser des journées portes ouvertes et des ateliers sur la décentralisation ou l’engagement citoyen.

  • Présenter leurs services

Certaines personnes n’ont pas connaissance des services que dispensent les mairies. Elles ne savent pas quand il faut s’adresser à la mairie, au District Autonome du Grand Lomé (autorité locale représentant la ville de Lomé) ou au commissariat. Je me souviens de cette dame qui était venue à la mairie pour un service qui relevait normalement de la compétence du commissariat. On doit pouvoir retrouver ce genre d’informations sur le site internet et les profils sociaux.

  • Promouvoir le territoire

Les talents togolais ne cessent d’émerger. Ces jeunes qui font parler d’eux à l’intérieur comme à l’extérieur du pays sont issus des communes. Ils sont nombreux et se trouvent dans divers secteurs : Football, musique, digital, entrepreneuriat, etc. Pourquoi les mairies ne pourraient-elles pas parler d’eux sur leurs profils sociaux ? Ça permettrait de casser la routine qu’est le compte rendu.

Tout en développant l’appartenance des uns et des autres à leur commune, cette forme de communication vend l’image du territoire comme étant une commune riche de talents, car elle met en avant celles et ceux qui font la fierté du pays. Les lieux d’intérêt historique, les sites (monuments, belles constructions) et les grands évènements (qui se passent sur le territoire) sont aussi des éléments à mettre en avant dans la stratégie de marketing territorial.

  • Mettre en place des initiatives

« On a bien envie de sentir notre maire » c’est ce qu’un collègue m’a dit un jour. Il y a des mairies qui mènent des actions, mais ne communiquent pas. ERREUR ! J’apprécie beaucoup l’initiative « Si Aného m’était contée » de la Commune des Lacs1. Non seulement parce que je suis originaire de cette ville du sud (Aného) mais parce que c’est l’histoire d’une grande ville du Togo qui est racontée à ses fils et filles. Il y’a aussi l’Académie Digitale Numérique créée récemment par la Commune du golfe 1 pour former les jeunes de la commune et du Grand Lomé aux métiers du numérique. Beaucoup de choses sont à faire sur le plan communautaire. Il suffirait de trouver ce dont les citoyens ont besoin et de se lancer.

  • Avoir une forte présence digitale

La puissance et l’incontournabilité des outils numériques ont rendu aujourd’hui inconcevable la communication sans le digital. Obligeant ainsi, les institutions à avoir une présence digitale. Les mairies comme celle de Doumassessé (Commune du Gofle 3), Atakpamé (Commune Ogou1), Aného (Commune des Lacs 1), Legbassito (Commune Agoe-Nyivé 2), Kpalimé (Commune de Kloto 1) pour ne citer que celles-là (car elles sont nombreuses à être sur les réseaux sociaux) l’ont comprises et sont très actives sur leurs comptes sociaux. Ces outils qui font partie de notre quotidien offrent aux institutions publiques et à tous les élus d’ailleurs, l’opportunité d’être proches des gouvernés.

Aujourd’hui, ne pas être présent sur Internet, c’est comme si vous n’existez pas. Et au vu de sa cible et de ses activités, une mairie ne peut pas être absence sur les canaux de communication digitale.  À cet effet, elles se doivent de recruter un Community manager pour la gestion de leur image et la fédération de leurs communautés.

En plus des réseaux sociaux, les municipalités doivent se doter de sites web performants et régulièrement mis à jour. Des plateformes sur lesquelles, les citoyens pourront retrouver toutes les informations dont ils ont besoin, mais aussi un moyen par lequel, ils pourront interagir avec les autorités, signaler des problèmes, télécharger des documents, poser des questions, etc.

La communication territoriale ne peut plus être réduite à la simple diffusion d’informations à destination des citoyens. Elle doit être stratégique, planifiée, ciblée, fédératrice et par-dessus tout, conative. Les mairies doivent se doter de cellules de communication, recruter un personnel qualifié, utiliser les canaux appropriés (ceux qu’utilisent les publics cibles) ainsi que les matériels adéquats (appareil photo de qualité….). Elles doivent s’orienter vers ce qui marche et non ce qu’elles trouvent pertinent.

Par Bede Lawson.