Dans notre périple en Afrique francophone à la rencontre de communicants, pour ce mois de mars, nous déposons nos valises en Afrique de l’ouest, précisément en Guinée.

En ce mois dédié à la femme, nous faisons un focus sur une professionnelle qui possède une riche expérience en communication gouvernementale et institutionnelle, ainsi que dans l’organisation d’événements réunissant des décideurs de haut niveau. Elle est co-fondatrice et Directrice Associée de SAKOM, l’un des principaux cabinets de Communication, Relations Publics, marketing et évènementiel à Conakry.

C’est une communicante passionnée, qui a à cœur d’améliorer l’image de son pays la Guinée, et du continent africain. 

Entretien avec Salématou SAKO.

Vous faites partie de ces « Repats » qui ont choisi de rentrer s’installer sur le continent, après avoir séjourné longtemps en occident. Qu’est ce qui a motivé cette décision ?

Salématou SAKO : Deux choses : premièrement, ma famille me manquait ; je voulais que mon fils qui avait 4 ans à l’époque puisse passer du temps avec ses grands-parents qui vivaient en Afrique. Deuxièmement, pour moi-même ; j’avais besoin de me retrouver et je ressentais le besoin pressant, après dix-huit années passées à l’extérieur, de retourner vers mes sources. Même en grandissant loin de la Guinée, les souvenirs de mon enfance m’ont permis de rester attachée au pays.

Depuis votre retour en Guinée, vous contribuez activement à la promotion et à la valorisation de l’image du pays, notamment à travers votre agence de communication SAKOM. Pourquoi ce positionnement ?

J’ai fait le choix de ce positionnement parce que j’aime profondément la Guinée, je crois en ce qu’elle est et en ce qu’elle peut devenir. Même si pour l’instant mon pays ne possède pas d’image de marque. Et pour la créer, il faut une cohérence dans la façon dont nous communiquons, afin que l’on change définitivement l’image sombre qui lui est attribuée depuis trop longtemps. C’est de ce besoin qu’est né SAKOM : Communiquer la Guinée, Communiquer l’Afrique. Si nous guinéens ne nous impliquons pas pour bâtir et améliorer les choses, qui le fera ? SAKOM veut contribuer aussi peu soit-il, à bâtir une Guinée positive, une Guinée qui se reconnaît et qui est reconnue pour son excellence plutôt que pour les aspects négatifs uniquement.

Pour beaucoup, il n’existe pas de différence entre les relations presse et les relations publics. A votre avis, pourquoi subsiste-t-il encore cette confusion dans votre environnement et quelle est l’importance de dissocier ces deux notions ?

Le métier des relations publics est encore méconnu en Guinée et même très jeune en ce qui concerne sa pratique et son expertise. Il y a six ans, lorsque je revenais m’installer dans le pays, on m’a dit à plusieurs reprises que j’aurais du mal à trouver un emploi parce qu’il y avait déjà trop de journalistes, beaucoup d’imprimeurs et plus de régies publicitaires que nécessaire. Je donne cet exemple pour illustrer le fait que mon environnement réduisait le champ de la Communication à ces seuls secteurs d’activités. Cette confusion est due au manque de connaissance du métier et du secteur et il nous revient donc, de faire connaître ce que nous faisons. Lorsque je tente d’expliquer la différence, je le fais de façon simple, du moins j’essaye : les relations presse ou médias pour être plus précise, sont incluses dans les relations publics ; concrètement, elles sont une composante des relations publics.

Vous faites justement partie de ces professionnels qui font le choix d’écrire le terme « relations publics » avec un « CS », en lieu et place du « QUES ». Pouvez-vous nous expliquer ce positionnement ?

Eh oui, vous l’avez aussi remarqué ? Je me fais tout le temps corriger, surtout pour quelqu’un comme moi qui suis issue d’une formation anglo-saxonne ! Mais j’ai vraiment fait le choix d’écrire le terme relations publics avec un « CS » ces dernières années, à cause de mon environnement francophone qui limitait les RP aux médias ou parfois à de simples mondanités. Lorsque le syndicat professionnel regroupant la majorité des agences françaises de RP (le Syndicat du Conseil en Relations Publics, ex SYNTEC Conseil en Relations Publics Ndlr.) a, en 2011 choisi d’opter pour le terme « relations publics » pour remplacer « relations publiques », je me suis dit enfin un casse-tête de moins à résoudre !

Maintenant il faut bien expliquer qu’il ne s’agit pas d’une faute d’orthographe, mais d’une traduction de « public relations » qui prend effectivement en compte l’évolution et la multiplicité du métier.

Comment percevez-vous l’évolution du métier en Guinée, depuis cinq ans ?

Il y a cinq ans, très peu de personnes et d’entreprises accordaient de l’importance à la communication, y compris le gouvernement. Désormais tout le monde veut communiquer, se faire entendre et se faire voir. La nature a horreur du vide et que si ce vide n’est pas comblé par ce qui se fait de bien, c’est ce qui ne va pas qui vient combler l’espace. Avec le digital qui s’est imposé, il ne suffit pas de rédiger quelques lignes et de publier une jolie photo pour gagner la confiance de notre communauté (clients, réseau, cibles). Les RP requièrent de la stratégie, des compétences et bien entendu du savoir-faire pour obtenir la confiance de son public cible.

Nous sommes d’accord qu’il faut communiquer, mais il faut désormais définir les stratégies selon les publics à qui notre communication s’adresse. Les gens commencent à comprendre cela, et ils font de plus en plus appel aux experts de la communication guinéens ou experts d’ailleurs. L’expertise RP se taille un chemin doucement, mais sûrement !

En Afrique francophone, nous remarquons que les femmes sont très actives dans les métiers de la communication. Cependant, elles sont très peu présentes à des postes décisionnels de haut niveau. Quel regard posez-vous sur cette situation ?

En effet, bien que les femmes soient de plus en plus actives et de mieux en mieux formées en communication et dans les autres domaines d’ailleurs, elles restent sous-représentées dans les fonctions de haut niveau, et restent confrontées aux fameux ‘plafond de verre’. Au-delà du constat, il faut continuer de se battre pour qu’ à compétence égale, une femme ait les mêmes avantages qu’un homme. Il y a des avancées, certes, mais le combat n’est pas encore gagné. Nous devons continuer d’exiger que la parité soit favorisé au sein des conseils d’administration, des gouvernements et autres institutions. Il faut également pousser la sensibilisation et informer sur le rôle important des femmes au seins des instances de décisions. Encourager les pionnières et celles qui ont déjà atteints ces positions de haut niveau. Elles sont un exemple et à mon avis, n’ont même pas le choix que d’être des exemples et des sources d’inspiration pour les autres femmes.

La playlist de Salématou

La chanson que vous écoutez en boucle en ce moment ?

Ça change souvent, mais depuis quelques semaines, je suis sur Dominée – Bébé Baya, une artiste guinéenne.

La chanson que vous écoutez pour travailler ?

Je n’écoute de la musique qu’en fin de journée, lorsque la pression est redescendue et que je fais le point. En ce moment c’est BELLE – Singuila feat. Fally Ipupa.

La chanson que vous écoutez pour faire la fête ?

Trop trop trop de chansons dans ma playlist pour faire la fête… Et je n’ai pas fait la fête depuis fort longtemps !