Amélie Ebongué est experte en stratégie de contenus sur les réseaux sociaux. Elle possède une fine connaissance de leurs usages auprès des communautés. Passionnée par les grands changements de notre société, cette professionnelle chevronnée analyse les territoires d’expression du numérique et anticipe les tendances d’usages qui dessineront les comportements de demain. A l’occasion de la sortie de son tout premier livre intitulé « Génération TikTok: Un nouvel eldorado pour les marques », chez l’éditeur DUNOD, nous l’avons rencontrée pour en parler, autour d’un café.

Vous venez de publier votre livre « Génération TikTok: Un nouvel eldorado pour les marques », chez l’éditeur DUNOD. Pourquoi avoir fait le choix d’écrire sur TikTok spécifiquement ?

TikTok est une plateforme divertissante de par son originalité, sa créativité et l’authenticité des créations que l’on peut retrouver sur le réseau social. C’est une véritable usine à pop culture et sa croissance face aux géants du numérique a beaucoup fait parler. Il était temps de poser le regard dessus en profondeur.

Lorsque TikTok s’est intéressé pour la première fois au marché africain en 2018, l’application apparaissait sur Google Trends comme étant à peine recherchée par les Africain.e.s. Aujourd’hui, l’application mobile arrive en tête des recherches pour des termes comme « influenceur » sur les trois marchés clés de l’application : le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Comment expliquer cette croissance fulgurante de la plateforme en Afrique ?

La place qu’occupe TikTok dans le paysage numérique africain est importante. On le voit par l’amplification et la viralité qu’ont certaines vidéos. Ce succès s’explique aussi par l’explosion des créateurs de contenus humoristiques. Ils ont un espace adapté sur mobile pour s’exprimer en toute authenticité, sans limite de perception, de contraintes techniques et encore moins de temps ; puisque depuis l’été 2021 on peut créer des vidéos jusqu’à 3minutes.

Le géant chinois ne cesse de multiplier les actions stratégiques sur le continent. Cela se traduit par exemple via l’accord de licence artistique que Tik Tok a conclu, pour plusieurs territoires africains. Quel est votre regard sur cette actualité ?

Comme évoqué dans le livre, les accords avec les grands acteurs de l’industrie musicale sont en perpétuels mouvement. Ils sont nombreux et ne cessent de se multiplier. Universal Music noue des partenariats avec toutes les plateformes  sociales comme TikTok, Snapchat ou encore Triller pour l’exploitation de son catalogue. Bien que la place à la collaboration transparente soit de mise, c’est un contrat gagnant-gagnant pour TikTok. Avec la Southern African Music Rights Organisation qui est une association d’intérêts de défense des droits de la musique pour l’Afrique australe, l’application s’engage à rémunérer équitablement les ayant-droits. Quand on prend l’exemple du morceau Jerusalema des artistes Master KG et Nomcebo Zikode, le simple hashtag du morceau a été vu plus d’un milliard de fois. Le challenge qui a suivi derrière #JerusalemaChallenge a été interprété plus de 500 000 fois sur TikTok. Sans compter les multiples déclinaisons qui ont vu le jour derrière …

En Afrique du Sud, le réseau social a signé un partenariat avec les institutions chargées de récolter les droits d’auteurs. L’accord vaut également pour les 22 pays africains avec lesquels ces institutions travaillent. Comment avez-vous accueilli cette actualité ?

Les partenariats stratégiques vont être un levier important pour faire évoluer l’application mobile, mais aussi pour accompagner les créateurs, artistes et marques dans leur création sur TikTok. En Afrique, TikTok a un potentiel de s’implanter massivement, bien que le travail de curation et d’accompagnement soit déjà effectué par les équipes en charge des opérations à Johannesburg. Je pense que le maillage doit être encore plus fin et ne pas se contenter d’avoir une seule antenne locale pour tout orchestrer, car cela ne reflète en rien la réalité globale.

Est-il possible de gagner de l’argent sur Tik Tok quand on est basé en Afrique ?

Pour espérer générer des revenus grâce à son contenu sur TikTok, il y a plusieurs alternatives. Les marques constituent le principal levier de génération de revenus puisqu’elles s’intéressent à votre valeur et à la collaboration que vous allez pouvoir mettre en place conjointement. Pour cela, il faut penser à une stratégie cohérente en adéquation avec vos valeurs, la voix de la marque et l’authenticité de votre création. C’est toujours important d’être soi dans le partenariat qui va être mis en place. Tout le monde a la place pour créer de la valeur sur TikTok, à condition d’avoir une justesse éditoriale.

De plus en plus d’utilisateurs à l’instar de l’humoriste kenyane Barbara Nyambura, trouvent à travers cette application un moyen de discuter des sujets pertinents comme la politique, pour inciter à l’action et au changement dans la vie réelle. Tik Tok peut-il être à l’avenir un atout dans les stratégies de communication politique en Afrique ?

Les voix s’élèvent tous azimut sur des sujets aussi variés que la politique, l’économie, l’actualité et l’éducation sur TikTok. C’est enrichissant pour les audiences qui ont accès à des contenus variés en fonction des personnalités qu’ils suivent.

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La rédaction.